Fiche-pratique
Comment mener un projet interdisciplinaire autour du Street Art ?
Cette fiche pratique propose des outils pour mettre en œuvre des projets innovants autour du Street Art, permettant d’intégrer les arts visuels au projet pédagogique d’enseignement-apprentissage du français dans les établissements culturels mais aussi dans les classes bilingues. Elle s’inspire de réalisations du réseau comme le projet Killart en Colombie et s’appuie sur l’aide-mémoire Comment mener un projet interdisciplinaire reliant langue et arts visuels ?
Le Street art peut se définir comme une mouvance internationale héritière du graffiti et dont le terme a émergé à la fin des années 1990. Il regroupe toutes les formes d’art réalisées dans la rue, ou dans des endroits publics, et englobe diverses techniques telles que le graffiti, le pochoir, la mosaïque, les stickers voire le yarn bombing. L’un des objectifs est d’habiller les lieux publics en les rendant moins impersonnels, en les humanisant et en suscitant la réaction des passants. C’est principalement un art éphémère vu par un très grand public à n’importe quelle latitude et dans n’importe quelle langue. Il va s’en dire que le réseau culturel français s’est rapidement saisi de cet extraordinaire outil pour promouvoir cette pratique artistique, favoriser les rencontres entre artistes, et attirer un public dont l’engouement ne cesse d’augmenter. Résidences d’artistes, festivals, expositions, parcours urbains, concours sont chaque année organisés par les Instituts français et Alliances Françaises, qui proposent parallèlement des ateliers de formation ou des activités plus ludiques. Ces propositions s’adressent également aux classes bilingues des établissements nationaux permettant de dynamiser les liens déjà existants et approcher un public scolaire. Ce projet permet d’exploiter cette effervescence pour proposer des outils pédagogiques motivants pour l’enseignement-apprentissage de la langue française, à la croisée de différentes disciplines.
Ce projet vise à encourager une approche interdisciplinaire de l’enseignement du français permettant de donner du sens aux apprentissages, utilisant l’art et l’environnement proche comme supports. Les équipes pédagogiques trouveront dans le Street Art une forme d’expression riche, polymorphe, non académique, qui leur permettra de diversifier leurs pratiques et enrichir leurs ressources. Intégrer l’art urbain au projet pédagogique, outre l’ouverture culturelle, favorisera l’acquisition de compétences langagières plus ou moins complexes. La découverte des œuvres ouvre la porte à la caractérisation, à l’émotion et à l’interprétation, qui peuvent s’exprimer en partie en langue maternelle, en partie en langue étrangère en fonction des contextes et niveaux d’enseignement. Elle permet de développer le goût esthétique des apprenants, d’enrichir leur culture et d’échanger autour des faits de société.
Ce projet s’adresse à des artistes locaux désireux d’enrichir leurs pratiques artistiques et linguistiques grâce aux échanges avec des artistes français, mais aussi à un large public apprenant le français ou désireux de l’apprendre. Si le Street art séduit particulièrement un public d’adolescents, il peut être abordé à tout âge et à différents niveaux. Les Instituts français, les Alliances Françaises et les établissements bilingues pourront donc l’adapter en fonction de leur public et leurs spécificités. Les enseignants jouent un rôle primordial car ils devront intégrer cette dimension artistique dans leurs programmes et concevoir des activités spécifiques : ateliers créatifs, visites d’expositions, rencontres avec des artistes.
Quel que soit le projet, il est important de définir avec les apprenants un produit final qui permettra de fédérer le groupe et de définir les objectifs pédagogiques, artistiques et linguistiques : réalisation d’une fresque, conception de guides ou audioguides, organisation de visites commentées, reportage photographique, articles de presse, débats sur les messages véhiculés… Une trace du travail effectué sous forme de portfolio ou vidéo pourrait constituer un outil d’évaluation intéressant.
Même si l’art urbain fait partie du quotidien de la plupart des habitants du monde entier, il est important de partir des représentations des apprenants. Comment est perçue cette forme d’art dans leurs pays ? Quels genres d’art urbain connaissent-ils ? Ont-ils une idée des choix des lieux ? Des différentes techniques ? Des thématiques ?
La meilleure façon d’amorcer le projet avec les apprenants est sans doute de leur faire découvrir les œuvres in situ lorsque c’est possible. Cette activité peut revêtir plusieurs formes : parcours urbain, visite d’une exposition, découverte d’une fresque murale, rencontre avec un artiste. Il est primordial d’impliquer les enseignants dans ce projet. Une courte formation pourrait leur être dispensée sur l’exploitation des arts visuels en classe de français en y intégrant les spécificités du Street art, son vocabulaire et son évolution. Une typologie d’activités possibles pourrait leur être présentée leur montrant l’intérêt des interactions entre les disciplines : langue française et arts visuels, mais aussi histoire, géographie, éducation à la citoyenneté.
Il est bien sûr intéressant d’organiser des rencontres entre les artistes acteurs du projet et le public visé, en préparant soigneusement les modalités des échanges : conférence, table-ronde (présentielle ou en ligne), performance, intervention sur les lieux de création et/ou dans les classes. Ces échanges font écho aux démarches des street artistes, désireux d’interagir avec le lieu et avec ceux qui y habitent.
Assurer la réussite du projet c’est aussi faire appel localement à des personnes ressources : artistes locaux, enseignants de français et d’arts visuels, documentalistes, étudiants d’écoles d’art, associations, partenaires éducatifs, presse locale.
Quelle que soit la dimension du projet, il fera l’objet d’une rigoureuse planification, tant au niveau des espaces, du temps, des contenus et des contraintes financières. Une enveloppe budgétaire sera prévue pour assurer la rémunération des artistes, l’achat du matériel, les activités pédagogiques, la formation des enseignants et la visibilité du projet.
Une attention particulière sera portée à la documentation du projet lors des différentes étapes (tenue d’un cahier de bord, enregistrements vidéo, travaux préparatoires…) tant à des fins évaluatives que communicatives.
Une évaluation quantitative pourra être mise en place pour mesurer l’efficacité du projet et son impact sur l’apprentissage du français : nombre de participants, nombre de productions, nombre de classes, nombre de professeurs. Une évaluation qualitative s’attachera à mettre en place des outils (questionnaires, enquêtes, entretiens) recueillant les points de vue des artistes, organisateurs, partenaires et bien sûr des participants. Les enseignants pourront mettre en place des grilles d’évaluation et d’auto-évaluation pour les apprenants, révélant les apprentissages réalisés au niveau linguistique, artistique et transversal. Enfin les responsables éducatifs pourront créer des outils pour identifier les impacts sur les pratiques pédagogiques des enseignants.
Les ressources générales sur le Street art sont innombrables.
La BNF propose deux excellentes bibliographies.
Un vocabulaire du Street Art pourrait s’avérer utile et la consultation de sites et articles plus pédagogiques constitueront des outils précieux pour les équipes.
Le dossier pédagogique du service éducatif de l’association La manufacture des paysages offre des ressources très riches, dont des exemples de projets.
Le blog Enseigner dehors en ville a lui aussi sa page Street Art, renvoyant à de nombreux sites.
Le Point du FLE propose une liste de fiches pédagogiques sur la thématique Art Contemporain – Art urbain -Street Art.
Le scoop.it Arts et FLE propose d’explorer la thématique à travers une sélection d’articles et fiches pédagogiques à destination des formateurs et enseignants de FLE et DNL.
Enfin, IFprofs propose des ressources conçues par la communauté d’enseignants dans les différents espaces-pays.