Fiche-pratique
Comment monter un projet BD bi-plurilingue ?
Ce guide pratique est conçu pour tous ceux qui souhaitent initier un projet à la fois pédagogique et créatif autour de la bande dessinée. Il vous accompagne depuis la compréhension de l’environnement culturel, en passant par la mobilisation de ressources et l’engagement des participants, jusqu’aux stratégies pour pérenniser le projet. Ce cadre de référence pour monter un projet de BD bi-plurilingue s’inspire de réalisations du réseau, notamment les projets MY FRENCH BOOK FEST et Langue française et éducation artistique et culturelle, qui mettent à l’honneur l’utilisation de la BD.
La bande dessinée est un outil de communication universel, capable de susciter l’intérêt et de transcender les barrières linguistiques et culturelles. Bien plus qu’une simple histoire belgo-française destinée à un public francophone, ce genre littéraire est un outil privilégié d’apprentissage et de rapprochement culturel, offrant à la fois le plaisir et la détente.
Dans le cadre d’un projet bi-plurilingue, la BD peut servir non seulement à promouvoir l’apprentissage du français, mais aussi à valoriser la ou les langues locales. Elle offre l’opportunité de donner une place privilégiée au français par rapport aux autres langues enseignées, tout en valorisant les apprenants en lien avec les langues qu’ils connaissent déjà.
Peu importe l’âge des lecteurs, l’association image-texte dans une BD, lorsqu’elle est utilisée dans un contexte d’apprentissage, facilite la compréhension globale et détaillée du support. Oser la BD permet également de remettre en question et de dépasser de nombreuses idées reçues sur ce genre littéraire, souvent méconnu en dehors des pays où la BD est reconnue à part entière.
Ce projet vise principalement à encourager l’apprentissage du français par une approche plurilingue innovante, centrée sur la bande dessinée. Il a pour double objectif de promouvoir la BD francophone et de valoriser la diversité linguistique, en plaçant le français comme langue pivot. Le plurilinguisme, essentiel pour améliorer la compréhension du français et la capacité à communiquer dans cette langue, est au cœur de cette démarche. Le projet encourage notamment l’utilisation des langues connues des apprenants pour faciliter l’apprentissage du français.
C’est également une occasion unique pour les enseignants de diversifier leurs pratiques d’enseignement du français en introduisant une nouvelle approche et des ressources innovantes. La bande dessinée enrichit l’expérience didactique avec une dimension culturelle et ludique, mettant l’accent sur la sensibilisation à des contenus graphiques narratifs en français avec des productions possibles dans d’autres langues.
Ce projet s’adresse à un public de tout âge apprenant le français, ainsi qu’aux enseignants. Les enseignants jouent un rôle primordial car ils devront intégrer à leur programme, non seulement le projet BD, mais aussi la dimension plurilingue. Afin d’impliquer activement les participants, diverses activités peuvent être mises en place, des ateliers de création de BD, des concours d’écriture et d’illustration, des rencontres avec des auteurs de BD…
Ce serait pertinent d’organiser une exposition présentant les créations BD des apprenants car cela représenterait une formidable opportunité de valoriser leur travail et de susciter l’émulation. Enfin, la publication d’un recueil regroupant les créations des apprenants pourrait constituer un jalon important du projet, permettant de laisser une trace pérenne de leur travail.
Avant de démarrer un projet de bande dessinée, il est essentiel de comprendre la perception et la place de la BD dans le territoire ciblé : La bande dessinée est-elle culturellement reconnue ? Quels genres de BD sont les plus familiers aux lecteurs ? Comment est perçue la lecture d’une œuvre graphique ? Les réponses à ces interrogations peuvent aider à façonner un projet plus efficace et respectueux de la culture locale.
La BD peut être aussi intégré à un événement littéraire, un festival ou une exposition. Il est possible de proposer Phallaina ou bien La grande histoire du dessin sans fin, des initiatives numériques accompagnées de ressources et/ou d’ateliers. Il est primordial d’impliquer les enseignants dans ce projet culturel, artistique et linguistique qui dépasse le cadre de la classe. Pour cela, ils devront être formés à l’utilisation de la BD en classe ainsi qu’à l’illustration et à la scénarisation. Les apprenants auront ainsi l’opportunité de plonger dans l’univers de la BD et de créer leurs propres œuvres, de romans graphiques ou de storyboards. Pour intégrer la dimension plurilingue, aucune compétence préalable en langue étrangère ne devra être requise, plusieurs langues peuvent être proposées tout en privilégiant le français.
Plusieurs indicateurs peuvent être utilisés pour mesurer l’efficacité du projet, le nombre de participants impliqués, le nombre de productions créés, et l’impact du projet sur l’apprentissage du français.
Au-delà de ces indicateurs quantitatifs, il est aussi important de considérer les effets qualitatifs du projet, notamment sur les pratiques pédagogiques des enseignants. Ces impacts pourraient être évalués par des entretiens, des questionnaires, ou des observations.
La mise en place d’un suivi régulier du projet permettra de vérifier si les objectifs ont été atteints et de faire des ajustements, si cela s’avère nécessaire. Des réunions de coordination, des bilans intermédiaires, ou encore des rapports d’étape, l’idée est de créer un processus d’évaluation et de suivi qui soit à la fois rigoureux et flexible, capable de s’adapter aux imprévus et aux évolutions du projet.
Étape 1 : Définition du cadre du projet. Au début du projet, il est important de définir les objectifs, le public cible et les langues impliquées. Quel est l’impact escompté sur l’apprentissage du français et la diversité linguistique ? À quels apprenants s’adresse-t-on principalement : aux enfants, aux adolescents, aux adultes ? Quelles langues seront mises en avant ?
Étape 2 : Identification des ressources disponibles. Une fois le cadre défini, il convient d’inventorier les ressources disponibles pour le projet. Les personnes compétentes (enseignants, auteurs de BD, traducteurs), les espaces (salles de classe, médiathèques, espaces d’exposition), les matériels (ordinateurs, logiciels, supports pédagogiques) et les ressources disponibles (le catalogue BD de l’Institut français, l’application BDnF, l’accès à Culturethèque, un espace dédié sur IFprofs…).
Étape 3 : Développement d’un plan de mise en œuvre. Il comprend les activités à organiser pour atteindre les objectifs du projet, formations pour les enseignants, ateliers de création de BD pour les apprenants, événements de valorisation du projet. Ce plan doit aussi prévoir l’édition et la diffusion des BD créées, s’il y a lieu.
Étape 4 : Promotion du projet auprès des participants potentiels. Une fois que tout est en place, il est important de promouvoir le projet auprès des participants potentiels pour obtenir leur adhésion. Cette étape peut impliquer des actions de communication comme l’envoi d’invitations, la publication d’annonces ou la tenue de réunions d’information.
Étape 5 : Formation des enseignants et organisation des ateliers de création de BD. Il est important de rechercher des experts en formation sur l’utilisation de la BD en classe, l’illustration et la scénarisation. L’organisation des ateliers de création de BD permettra de mettre en place les compétences acquises autour du projet destiné aux apprenants.
Étape 6 : Organisation des événements et recherche de financement. Le projet peut nécessiter des fonds pour la réalisation de certaines actions, en dehors d’un budget prévu dans la programmation annuelle. Des subventions françaises ou locales, du mécénat ou sponsoring d’entreprises privées ou de maisons d’édition, enfin des campagnes de financement participatif peuvent aussi contribuer à réunir les fonds nécessaires.
Étape 7 : Pérennisation du projet. Une fois le projet finalisé et évalué, l’étape suivante consiste à pérenniser les bonnes pratiques et les acquis du projet. Cela peut passer par la publication des productions, la mutualisation de ressources pédagogiques créées ou encore, la réalisation d’un guide de bonnes pratiques pour la démultiplication.